lundi 21 juin 2010

Jour 2 la suite : Hjalparfoss-Route 26

Dernière étape avant de nous lancer à l'assaut des routes non goudronnés, la cascade Hjalparfoss : deux chutes se deversent dans un bassin presque parfaitement circulaire, entouré de parois de basalte plissé. Nous pouvons descendre jusqu'au bord du bassin, et le longer jusqu'au bord de la chute gauche. Ce que je n'ai aucun scrupule à faire, car nous sommes seuls, et je ne dois donc partager l'endroit avec personne qui aurait eu la même idée que moi...

On nous abondamment répeté que noooooon, mets seulement l'ombre d'une roue sur la piste F35, et la caution que t'as versée pour la voiture de location mourra dans d'atroces souffrances, dans l'odeur de plastique calciné qui accompagnera les derniers moments de ta Visa. Sauf que....Là ou on est, et selon la route qu'on est censés faire...Ben, on doit y passer, ne serait que pour quelques kilomètres.

Après avoir étudié la carte en détail ( j'assure en lectures de cartes, maintenant, je vous garantis..), on se dit que ma foi, ce ne sont quelques kilomètres, et que nous bifurquons avant que la piste ne commence vraiment.

D'autant plus que Chéri tient vient à voir le volcan Hekla et son champ de lave. Nous voilà donc partis, le long de la rivière. Il est environ 16 heures, et la lumière est assez incroyable, à cause des cendres en suspension dans l'air ( et on a pas fini de la voir, la cendre ! ). Au croisement fatidique, nous nous engageons, la fleur au fusil et la carte sur mes genoux, sur la route 26, qui doit nous ramener vers Hella et le fameux volcan qui a fait cauchemarder tous les journalistes...

Après un aimable prologue ( 4 km de terre battue, une rigolade), les choses sérieuses commencent, et nous découvrons ce que les islandais désignent vraiment par "gravel road". D'ailleurs, sur ces routes, on peut rouler jusqu'a 80 km/h normalement. ( si on veut suicider son 4x4, je pense). La route est deserte, et traverse le champ de lave. C'est une piste intégralement recouverte de cailloux, et ça cahote sec.

Le paysage est à la fois aride et somptueux, minéral, de sable et de graviers. Et ne serait notre crainte de crever un ou plusieurs pneus (une seule roue de secours, pas de réseau, prochaine ferme à 18 km, et des loups certainement affamés dans le coin, prêts à se repaître d'innocents touristes une fois la nuit tombée. Ah oui, c'est vrai, pas de nuits, on est sauvés) , notre plaisir serait complet. Le volcan est à 10 km, et quand je vois la taille des blocs de basalte qui sont "tombés"...


On se regarde un instant, et on éclate de rire en disant "On dirait le Mordor !". D'ailleurs très inspirée, j'entonne Highway to Hell, puisqu'au Moyen Age, il se disait que ce volcan était la bouche des enfers. Malheureusement, Chéri, indifférent à mes performances vocales, me menace de rejoindre la ferme ou nous devons nous rendre à pied. Je le prends au mot, et on arrête la voiture un moment. Dehors, le silence est total.

Pas de bruit de route de fond, pas d'oiseaux, rien. Juste le bruit de la rivière, à deux kilomètres, et le bruit du vent toujours. C'est assez oppressant quelques minutes, puis petit à petit très serein, et c'est un peu à regret qu'il nous faut rependre notre petite seance de tape cul...Le ciel s'obscurcit et la lumière se tamise, plus nous allons vers le sud, le nez me chatouille, et je comprends que c'est donc ce fameux nuage de cendres...(nous apprendrons d'autres voyageurs qu'il y avait une tempête de cendres la veille).

Finalement, à notre grand soulagement, la route redevient un peu moins caillouteuse au bout de 30 km, et nous arrivons à la ferme ou nous devons passer la nuit. ( et je vais devoir partager la salle de bains et les toilettes avec l'autre chambre. Horreur, malheur, maintenant je n'aurai plus d'excuses pour dire que moi, dans un camping, c'est non ! )

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